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Fausses routes répétées dans l’histoire de la médecine : l’animal comme « modèle » de l’être humain.

vendredi 11 mars 2011 , par Dr. Didier Tarte


Dans le domaine particulier de l’histoire de la médecine, un jeune flamand, né à Bruxelles en 1514, va jouer un rôle primordial. Observons et regardons avec attention, prenons du recul pour comprendre sa trajectoire et les événements qui ont préservé momentanément l’homme de la « fausse route animale ».

Nous sommes en 1534, Vésale met en évidence sous l’autorité de son maître Sylvius de l’université de Paris, les valvules sur les veines des membres inférieurs qui portent encore le nom de ce dernier. Ensuite, de retour à Louvain, il reconstitue un squelette humain complet, le seul qui ait jamais existé en Europe. En 1537, il est nommé professeur de chirurgie et d’anatomie à Padoue, une des plus célèbres universités de l’époque, à l’avant garde du savoir et sous la tutelle de Venise.

Un difficile effort d’objectivité pour s’affranchir des habitudes

Voici comment le Dr Glasscheib présente dans son livre à la recherche du grand secret, la lutte de celui qui n’accepte pas ce qu’il ne comprend pas. Notamment un savoir reposant sur un conformisme non vérifié par la réalité.

Il n’avait pas encore vingt trois ans. Pourtant, dès cette époque, il dominait de très haut toutes les sommités de la partie, pas tellement par son savoir que par sa passion dévorante et exclusive pour le sujet. Il commençait ses conférences, selon l’usage des universités, en exposant les vues et l’enseignement plus que millénaires de Galien. C’était la règle à cette époque, il n’était même pas pensable qu’on puisse agir différemment. Galien et Hippocrate avaient avancé peu à peu au rang de père de l’église. Leurs enseignements étaient reçus comme des dogmes qu’il était hérétique de mettre en doute. Mais Vésale disséquait lui même et ne se contentait pas comme ses prédécesseurs, de désigner de loin les organes. Il eut ainsi tout loisir de les voir comme ils étaient vraiment, et parfois ils différaient de ce qu’avait dit Galien.

A la seconde et à la troisième autopsie publique, il rencontra les mêmes contradictions entre le texte et la réalité. Ce ne pouvait être un hasard. Vésale en était bouleversé : le doute l’avait touché. Un jour, Vésale comprit : Galien avait décrit le squelette d’un singe. Il reconnut plus tard que pour les organes internes, le chien et le porc lui avaient également servi de modèle et que de tout cela Galien avait composé une anatomie de l’homme.

A la quatrième autopsie que Vésale exécuta en public, il mit un point final à l’hypocrisie, cessa d’utiliser le texte de Galien et décrivit les organes tels qu’il les voyait. Ayant reconnu que l’anatomie de l’homme restait à écrire, il se mit à l’œuvre avec l’aide d’un peintre. Pendant son séjour à Venise il avait rencontré son compatriote des Pays-Bas, Jan Kalkar, qui se vouait à la peinture à l’école du Titien.

La Renaissance, l’effort pour un nouveau paradigme

Le 1er Août 1542, après quatre ans de travail, les deux cent soixante gravures sur bois de Kalkar et le texte d’explication de Vésale étaient terminés. Le manuscrit des sept livres sur la construction du corps humain était achevé. C’était une anatomie qui n’avait pas été copiée sur les anciens, qui n’inférait pas indument de singes, de porcs ou de chiens disséqués sur l’homme. Bref c’était le premier véritable traité d’anatomie de l’homme.

Les sept livres parurent en 1543 chez Oporinus à Bâle, l’année où Copernic publia ses six livres sur les corps célestes. L’œuvre de Vésale souleva dès sa publication des controverses violentes et même la consternation, car Galien était toujours l’autorité vénérée et sacrée et on ressentait comme un blasphème que quelqu’un osât contredire les enseignements du maître sacré de Pergame.

La réaction à cette provocation ne se fit pas attendre. Un des premiers qui remirent Vésale à sa place fut son ancien maître Sylvius. Il supplia dans des lettres pressantes son élève dénaturé de reconnaître ses erreurs et de renier publiquement toutes celles de ses affirmations qui étaient en contradiction avec celles de Galien. Quand Vésale eut refusé, s’en tenant au droit de représenter l’anatomie telle qu’il la voyait, Sylvius rédigea contre Vésale un libelle bourré d’invectives venimeuses. Il le traitait d’affabulateur et de sot, affirmant que Vésale avait disséqué des créatures mal conformées, ce qui l’avait induit en erreur.

Les insultes sans mesures dont le couvrait son ancien maître affectèrent profondément Vésale. D’autres anatomistes réputés, comme Eustache à Rome et Colomb à Padoue, critiquèrent à leur tour Vésale et maintinrent qu’ils préféraient errer avec Galien qu’avoir raison avec Vésale. La science était tellement farcie de fanatisme sauvage que l’affirmation l’emportait sur la preuve.

Cette lutte décrite plus haut illustre bien la difficulté qu’éprouve l’homme à imposer une idée plus juste du réel et de lui-même. Ne croyons pas qu’il soit plus facile à notre époque de foisonnement de la recherche et d’informations permanentes, de faire admettre et d’établir une compréhension et des pratiques cernant mieux le réalité de l’être humain. Au contraire, un conformisme matériel, avec démonstration scientifique à l’appui devient un obstacle encore plus infranchissable en raison de la force totalitaire de la preuve apparente matérielle.

Les autres étapes scientifiques de la connaissance médicale

Si le combat de Vésale a permis de rectifier une erreur qui dénaturait la compréhension que nous devons avoir de nous-mêmes, il l’a engagé dans une voie dangereuse, en orientant la médecine sur l’étude du cadavre. En effet, la recherche s’est poursuivie avec l’exploration des organes malades, après la mort. Cette percée conceptuelle et pratique a été introduite par Laennec, Bichat, Broussais, Trousseau à partir de la démarche de l’anatomo-pathologie qui s’est constituée dans les années 1830-1850.

Peu de temps après cette percée, la démarche à partir de l’animal s’est encore accentuée avec les travaux de Claude Bernard (1813 - 1878) pour explorer le rôle fonctionnel des organes, en premier lieu avec le foie. C’est toute « l’épopée » de la médecine expérimentale qui se met en place à partir de 1848.

Il apparait une grande proximité entre la démarche anatomo-pathologique et celle de la médecine expérimentale. Le point commun, qui réunit ces deux approches, résulte du fait que ces deux supports de recherche, le cadavre ou l’animal, sont explorés comme un simple objet. Le chercheur exerce une domination totale sur la « matière » qu’il explore. Ces « supports » n’ont rien à lui exprimer comme perceptions, ressenti, sentiments ou conscience. Doit–on déduire de cette situation la dérive actuelle où le médecin tient, le plus souvent, très peu compte de ce qu’exprime le patient ?

On ressent l’impression qu’il n’y a que lui qui sait. Ce que rapporte le patient n’a que peu d’intérêt ou tend à l’égarer. Il ne peut lui faire confiance car la façon de voir du patient ne recoupe pas sa connaissance présentée comme scientifique, et donc, véritablement objective.

Cette attitude s’est maintenue à notre époque avec l’étude cellulaire et infracellulaire envisagée hors du champs vital du corps dans son ensemble. L’analyse, la dissection du corps font abstraction d’une réalité essentielle : « la Vie ». C’est ainsi qu’une science, chargée de la préserver et de la maintenir, a réussi ce paradoxe de l’expliquer et de la comprendre par ce qui n’est plus la vie .

De plus, l’homme se voit voué à la mort par la prise en compte de son aspect uniquement corporel qui exclut cette réalité supérieure vitale de l’âme. Il faut donc mettre en évidence ce retournement fondamental que nous devons opérer pour comprendre la vie par la vie. La méconnaissance des relations énergie-matière proposée par la théorie de la relativité et la physique quantique se manifeste chez l’homme par des troubles émotionnels et psychiques pouvant affecter soit notre comportement global, soit certains organes.

« Le mystère du vivant » ne peut être saisi par une démarche analytique réductrice

L’incapacité d’un certain regard pour concevoir rationnellement la réalité de cette énergie vitale « invisible et impalpable », nous amène à l’ignorer et à laisser s’opérer ces atteintes majeures du corps qui implose sous l’effet de pratiques et d’investigations médicales mises au point à partir du cadavre. A travers un moment essentiel de la vie de Vésale nous avons fait surgir toute une époque avec ses attitudes, ses sentiments et ses préjugés qui nous surprennent. Nos descendants trouverons également inattendues les péripéties qui perpétuent ce problème dans les ultimes années du XXe siècle.

Cette compréhension de l’être humain, qui s’appuie sur une démonstration de son évolution à partir de l’animal et de ses instincts, limités mais admirables de perfection, aboutit à la lutte des espèces, cette loi du plus fort et du plus adaptable que la nature privilégierait. Cette notion va progressivement envahir la science biologique, l’entraînant souvent dans une attitude de domination injustifiée à l’encontre des « règnes inférieurs ». Cette attitude va alors amplifier, ce qui apparaîtra par le biais des vaccinations, l’action des résidus animaux qu’il porte encore en lui. En effet il subsiste en nous des émotions élémentaires d’origine animale : désirs, instincts, passions, peurs que nous jugeons sans conséquence sur le plan biologique, bien qu’elles soient toujours très actives dans ce qu’on nomme maintenant le cerveau archaïque.

L’incapacité ou le refus d’envisager les relations qui lient l’énergie dans ses aspects psychiques ou émotionnels avec les éléments constitutifs et correspondant du corps, organes et cellules, va permettre et faciliter la matérialisation de ces perturbations dans les structures du corps et/ou lors de son fonctionnement. Ceci sera le fruit d’une cécité et d’une absence de clairvoyance tant individuelle – ceux qui devraient faire preuve de perspicacité - que collective – les médecins qui s’appuient sur les nouvelles techniques. Ces dernières vont apporter la preuve matérielle de la présence des germes et des microbes alors qu’il peut s’agir de la transposition à l’échelle infinitésimale d’une émotion ou d’une énergie animale qui affecte la personne.

Enfin dernier épisode perturbateur pour une compréhension de l’être humain à partir de l’humain dont on voit comment à travers les différentes étapes des progrès modernes de la médecine, l’animal est arrivé comme référence (n’oublions pas comment la mise au point des médicaments passe par une étape d’expérimentation sur l’animal, de même avec « le modèle animal » pour explorer les mécanismes pathologiques) et élément explicatif de l’humain. C’est toujours une réduction de la réalité humaine qui est saisie, interprétée et mise en œuvre.

La face cachée de la vaccination : introduire une influence animale invisible

Les vaccinations vont apporter dans l’action médicale, sous l’apparence d’une protection, une réactivation de la réalité animale. Prenons conscience que la plupart des vaccins sont faits à partir d’un support venant de l’animal. Le premier celui de la variole, vient de la vache, d’où son nom : vaccin à partir du mot latin vacca. Celui du BCG est aussi réalisé à partir d’un bacille tuberculeux atténué provenant de la vache. Le vaccin polio est le premier vaccin qui utilise le détour par des cultures cellulaires. Et cela sera fait à partir de cellules de rein de singes. Les vaccins de la grippe, de la rougeole et de la fièvre jaune sont réalisés à partir d’œufs de poules. Le vaccin contre le virus de l’hépatite B se fait à partir de cellules cancérisées d’ovaires de hamster ou de levures.

Or il est surprenant de lire le texte suivant tiré des cours en 1977 au Collège de France de Michel Foucault et repris et commenté par Giorgio Agamben (Homo sacer, le pouvoir souverain et la vie nue p. 11) : « L’accroissement vertigineux de l’importance de la vie biologique et de la santé de la nation en tant que problème spécifique du pouvoir politique se transforme désormais en gouvernement des hommes (Foucault 2, p. 719). Il en résulte une sorte d’animalisation de l’homme effectuée par les techniques politiques les plus sophistiquées. Alors apparaissent dans l’histoire aussi bien la multiplication des possibilités des sciences humaines et sociales que la possibilité simultanée de protéger la vie et d’en autoriser l’holocauste ». En Particulier, le développement et le triomphe du capitalisme n’auraient pas été possibles, dans cette perspective, sans le contrôle disciplinaire réalisé par le nouveau « biopouvoir » qui par une série de technologies appropriées s’est créé pour ainsi dire les corps dociles dont il avait besoin.

On peut être sûr qu’à aucun moment ni M. Foucault, ni G. Agamben n’envisagent l’importance de l’influence de la médecine dans ce qu’ils formulent comme une sorte d’animalisation de l’homme qu’ils attribuent pour leurs parts comme provenant de techniques politiques les plus sophistiquées ou de la multiplication des possibilités des sciences humaines et sociales.

Mais la fin de cette phrase est troublante : la possibilité simultanée de protéger la vie et d’en autoriser l’holocauste . Elle renvoie bien à cette critique des techniques biologiques progressivement mises en œuvre depuis un siècle. Techniques biologiques appropriées dont la vaccination est devenu progressivement la pierre angulaire initiale que tout citoyen doit recevoir par un contrôle disciplinaire (obligation étatique ou propagande effrénée) presque dès sa naissance, sous le prétexte justement d’en protéger la vie.

Mais avons nous conscience de la contrepartie insidieusement cachée qui permet tout aussi bien d’en autoriser l’holocauste ? Tout se passe comme si nous n’avions accès qu’au côté face de la chose, la protection, et que le côté pile nous était radicalement voilé, l’holocauste. Mais un avers peut-il exister sans revers ? La médecine soupçonne-t-elle d’ailleurs sa part dans ce retournement tragique ? S’est elle donnée les éléments de compréhension et de réflexion pour discerner les étapes qui la faisaient organiser cette animalisation de l’homme si propice au nouveau « biopouvoir » ?

Un pouvoir, discrétionnaire et absolu, comme celui que l’homme exerce actuellement sur l’animal.

Dr. Didier Tarte

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