Les vétérinaires calment le jeu.
L’Ordre national des vétérinaires, en congrès à Limoges, met en garde contre l’amalgame entre la peste aviaire et une pandémie grippale qui, selon les spécialistes, n’est pas à craindre dans les conditions annoncées en France.
"Le ministre de la santé doit être bien mal conseillé", a estimé vendredi soir , professeur à l’école vétérinaire de Maisons-Alfort et membre des académies vétérinaire et médicale. "Nous sommes en présence d’un problème typique de santé animale, celui de la peste aviaire", a-t-elle précisé.
Cette maladie, selon la spécialiste, "sévit de façon pratiquement constante au Mexique, au Canada ou aux Etats-unis, pays où l’on vaccine régulièrement les animaux". "Le virus H5N1 chez l’homme a beaucoup ému parcequ’il se présentait immédiatement après le SRAS. L’aurait-on seulement découvert dans un autre contexte ?", a-t-elle interrogé.
"Les cas de contamination de l’homme sont liés à un contact étroit avec l’animal, comme chez les éleveurs de coqs de combat. On fait alors l’amalgame entre la peste aviaire et une pandémie grippale qui en serait la conséquence directe", commente le Pr. Brugère-Picoux.
Pourtant, avertit-elle, "le virus est très peu contaminant pour l’homme. La contamination de la grippe emprunte les voies aériennes, celle de la peste aviaire est fécale, passant notamment par des eaux contaminées". "Quand bien même y aurait-il recombinaison du virus, elle serait très différente. Il est peu probable qu’elle se produise, on ignore quand et ce ne serait vraisemblablement pas H5N1", prévient la spécialiste.
Le Pr. Brugère-Picoux estime que la meilleure parade contre l’évolution de la peste aviaire réside dans "un maillage vétérinaire efficace". "Elle se développe très peu à Taiwan ou au Japon alors qu’elle évolue rapidement dans des pays voisins en voie de développement, qui ne disposent pas des moyens, où les petits élevages ne sont pas suivis par des vétérinaires et où abattre le bétail revient à couper les propriétaires de leur seul moyen de subsistance", analyse-t-elle, déduisant que "les questions économiques sont cruciales".
Aussi demande-t-elle aux médecins de ne pas se saisir d’un "problème animal" et avertit-elle, pour conclure, contre un risque de "psychose de santé humaine sur un problème typique de santé animal