AFRIQUE ET VACCINATIONS

 
  • dimanche 8 novembre 2020.
  • Alors que « Le Monde » fait l’apologie du programme d’éradication de la poliomyélite de la planète, (Dossier de 4 pages dans la parution du 30 octobre 2003), des voix discordantes expriment un discours plus réservé dans de nombreux pays en voie de développement soumis à des campagnes de vaccinations aveugles et probablement meurtrières. En effet, si la presse relève l’efficacité des agents vaccinateurs et présente des statistiques « encourageantes » sur le taux de couverture vaccinale, aucun média ne reste dans les quartiers et les villages pour constater les dégâts consécutifs à ces campagnes massives.

    Au Congo, suite à des abus d’autorité ou de dysfonctionnements lors des précédentes journées nationale de vaccination « porte à porte », des associations de défense des droits de l’homme ont dénoncé des faits troublants et se sont engagées à apporter une information pluraliste sur le sujet des vaccinations.

    Des conférences sur les enjeux de la vaccination dans le cadre des soins de santé primaire en République du Congo ont ainsi eu lieu à Kinshasa et à Lubumbashi du 16 au 22 juillet dernier. Ces conférences, organisées à l’initiative de deux associations congolaises de défense des droits de l’homme, les COJESKI Collectif des Organisations des Jeunes solidaires du Congo-Kinshasa et la "V.S.V." la Voix des Sans Voix, ont pu se tenir grâce à la collaboration financière d’une association canadienne Dialogue Multiculturel Global "GMCD / CANADA" représentée par le Pr.Annick Lambert de l’Université du Québec.

    Vaccinations systématiques contre la polio dans un pays bouleversé par la guerre civile.

    En 2001, l’OMS et l’UNICEF, avec l’aide financière des Rotary Clubs et du Vaccine Fund de Bill Gates, avaient organisé des journées de vaccination « Porte à porte » visant à vacciner par voie orale tous les enfants de moins de 5 ans contre la poliomyélite sur l’ensemble du territoire du Congo.

    Malgré l’état de guerre, les agents vaccinateurs avaient pu opérer dans toutes les zones du pays, occupées ou non. Mais ce consensus n’était que façade car de nombreux parents et médecins ont manifesté quelques résistances face au zèle intempestif des agents vaccinateurs qui, mission oblige, vaccinaient aveuglément tous les enfants, quelque soit leur statut vaccinal antérieur.

    Des parents, qui avaient déjà fait vacciner leurs enfants chez leur médecin habituel se sont vu obligés de céder à la pression menaçante des agents vaccinateurs, souvent recrutés sans tenir compte d’une quelconque compétence médicale.

    Les parents qui refusaient la vaccination pour leurs enfants ont été battus, parfois enfermés. Ailleurs, des enfants vaccinés chez le père le matin étaient vaccinés à nouveau le soir chez la tante. Dans un autre endroit, un agent vaccinateur éleveur de poulets a vacciné les enfants de son secteur avec le vaccin contre la peste aviaire.

    Ce ne sont que quelques un des incidents rapportés et vérifiés.

    Ces dysfonctionnements n’ont pas empêché de nouvelles journées nationales de vaccinations systématiques en 2002 puis en 2003 avec toutefois une différence de taille en 2003, seules les régions frontalières, seront concernées. La raison officielle invoquée est que les journées de 2001 et de 2002 ont connu un tel succès qu’il n’est plus indispensable de renouveler l’opération, et qu’il faut toutefois élever un rempart face aux menaces représentées par les populations non vaccinées des pays voisins. La raison non formulée semble plutôt liée à un manque de moyens financiers.

    Intervention de associations de défense des droits de l’homme.
    Face aux abus constatés lors des premières journées de 2001, les « Cojeski » et les « VSV » ont interpellé le directeur du PEV (Programme Elargi de Vaccination) au cours d’une émission télévisée et se sont permis d’évoquer la possibilité d’une approche moins unanime quant au bien fondé de cette vaccination systématique. Les membres de l’association ont demandé au directeur du PEV s’il acceptait un débat contradictoire sur la question.

    Rendez-vous a été pris et une première réunion publique s’est déroulée à Kinshasa le 16 juillet dernier réunissant le Prof. Annick Lambert (GMCD - Canada), les Drs Didier TARTE et Jean-Pierre EUDIER (France), le Prof. Dr. MUYEMBE de l’Institut National de recherche biologique "INRB / RDC", le Dr. WELO ancien directeur du programme élargi de vaccination "PEV / RDC", le Prof. MULUMBA professeur de parasitologie de la Faculté de médecine de l’Université de Kinshasa .

    Il est assez étrange de constater que le directeur du PEV qui avait accepté ce débat s’était fait excuser, ainsi que les représentants de l’OMS, de l’UNICEF et des autres associations partenaires à ces journées.

    La faculté de médecine ouvre ses amphithéâtres et encourage un discours sans langue de bois.

    Le débat qui s’est engagé au cours de cette journée a fait ressortir un certain nombre de points de vue très révélateurs d’un manque d’informations générales, tant au niveau des populations que des membres du corps médical.

    A l’appel des organisateurs, nombre de journalistes, de parents, de médecins étaient présents. Tous attendaient un discours d’opposition, mais les intervenants se sont bien gardé d’exprimer une désapprobation systématique.

    Chacun s’est exprimé en mettant l’accent sur les principes généraux

    Ainsi le Prof. MULUMBA, chef de service de parasitologie à la Faculté de médecine de l’Université de Kinshasa a exprimé sa surprise de constater que les enfants vaccinés lors de ces journées de vaccination ne recevaient aucun document attestant de la vaccination. A l’inverse, il s’étonnait de l’obligation faite aux propriétaires d’animaux domestiques de devoir présenter, à toute réquisition de l’autorité, le précieux certificat de vaccination contre la rage. Ici aussi, les autorités ont plus de considération envers les animaux qu’envers les enfants.

    Le Dr. WELO, ancien directeur du programme élargi de vaccination "PEV / RDC", à expliqué comment les agents vaccinateurs recevaient, pour cette mission ponctuelle, une rémunération correspondant au salaire annuel d’un fonctionnaire. Il expliquait d’autre part que les moyens financiers mis en œuvre pour prévenir d’une maladie qui ne représentait que la 24ème priorité de santé publique dans le pays auraient permis la réhabilitation de plusieurs centaines de centre de soins de santé primaire. (1 US$ par enfant soit 10 millions de dollars pour l’ensemble du pays).

    Le Prof. MUYEMBE, directeur de l’Institut National de recherche biologique "INRB / RDC" (institut anciennement dirigé par des membres de l’institut Pasteur et qui travaillaient principalement sur le sida), a montré comment dans cet immense pays, des montagnes de selles prélevées sur des enfants victimes de paralysies flasques pour analyse, étaient acheminées à grand frais vers les laboratoires d’analyse d’Afrique du Sud pour constater la présence d’entérovirus non polio dans les selles de ces enfants (80%). De virus polio d’origine vaccinale (15%). La présence de virus polio sauvage chez 5% des enfants ayant un statut vaccinal satisfaisant. Cette brillante présentation n’aura servi qu’à démontrer que les statistiques sont au médecin ce que le réverbère est à l’ivrogne, elles le soutiennent plus qu’elles ne l’éclairent (Pr Escande).

    Partage d’expériences à l’Université :

    Le danger, quand on médite, c’est qu’on comprend des trucs (Cavana dans Charlie Hebdo).

    Les docteurs Eudier et Tarte ont pour leur part présenté l’historique de la vaccination, les bénéfices attendus et les échecs tus. Ils ont mis l’accent sur les risques liés aux modes de fabrications des vaccins, les risques liés aux franchissements de la barrière d’espèce. Ils ont montré les contre indications liées aux conditions de santé des enfants : malnutrition, parasitoses, carences, maladies chroniques ou aiguës liés à la guerre et à ses conséquences sur les approvisionnements alimentaires déficients. Les gens ont fui les zones de guerre pour se réfugier dans les grandes villes rendant les conditions d’hygiène déplorables. Les risques graves liés aux déficits immunitaires, très nombreux dans cette partie de l’Afrique, ont été ensuite abordés. Dans le contexte local, la relation Vaccin/Sida prenait soudain un sens. Aujourd’hui en occident, ne reconnaît-on pas la contre-indication majeure de vacciner un sujet immunodéprimé avec un vaccin à virus vivant ?

    Le succès de cette journée a entraîné de nombreuses réactions, d’abord réservées de la part des professionnels de la santé, habitués à un discours rassurant, puis les langues se sont déliées. Les dénonciations des abus de la part des agents vaccinateurs ont été rapportées par les personnes présentes.

    Le lendemain, une station de télévision a ouvert les portes de ses studios aux invités canadiens et français puis les professeurs de la faculté de médecine de Kinshasa celles du campus pour cette présentation inhabituelle suivie par de nombreux étudiants qui auraient toutefois souhaité un discours plus tranché.

    En fait l’objectif n’était pas de condamner la vaccination dans son principe, mais d’apporter à chacun, professeurs, médecins ou parents, des éléments rationnels d’appréciations, leur permettant de présenter aux autorités politiques un discours responsable plus en lien avec les réalités du terrain.

    Des empêcheurs de penser en rond ?

    Malgré une tentative des autorités policières de faire annuler la première journée à Kinshasa, le discours des objecteurs à la vaccination, pour une fois, n’a pas été étouffé. Le débat s’est poursuivi à Lubumbashi où le recteur de l’Université, puis le Doyen de la faculté de médecine ont présidé diverses réunions où le sujet des vaccinations a été abordé.

    Au cours d’une réunion avec le recteur, un de ses conseillers, historien, a rappelé que le refus de la vaccination avait été à l’origine de la mutinerie de Luluabourg en 1941 et avait entraîné l’exécution de supplétifs congolais.

    Devant les chefs de service du Centre Hospitalier Universitaire de Lubumbashi, le Dr Tarte a montré le lien historique entre la mise au point des cultures cellulaires par le Dr Alexis Carrel dans les années 30 et la production des vaccins à virus (polio) des années 50. Illustrant ainsi comment l’histoire de la biologie permet d’établir la relation entre vaccination et OGM et le principe du franchissement de la barrière d’espèce .

    Par ailleurs, il a expliqué comment le vaccin, fabriqué à partir de souches cellulaires d’origine animale apporte inévitablement des résidus de fabrication. Ce sont les enzymes pouvant agir intempestivement sur le noyau des cellules ; ou encore les ADN ou ARN capables de véhiculer un message étranger, ainsi que d’autres additifs ou protéines potentiellement cancérigènes. Ces substances injectées, lors de l’inoculation vaccinale, même en infime quantité et malgré toutes les précautions de purifications, constituent de véritables bombes à retardement.

    L’inoculation de ces produits à l’ensemble de la population d’un continent, n’augmente t-il pas le risque d’accident ? Il faudra plusieurs décennies avant de remarquer ces accidents. Et combien d’années encore pour comprendre ?

    A partir de là le débat s’est développé et enrichi des réflexions de chacun des participants sur le terrain de l’immunité et les différents aspects de l’immunodéficience en général et du sida en particulier. Les invités ont relevé l’étrange cartographie du sida : le sida s’étend au fur et à mesure que les maladies vaccinales régressent ou du moins à mesure que la couverture vaccinale s’étend territorialement.

    La visite du Campus universitaire de Lubumbashi.

    Le séjour à Lubumbashi s‘annonçait enchanteur, la ville est coquète, le climat, vivifiant le matin restait agréable toute la journée contrairement à celui de Kinshasa où la pollution s’ajoute à la chaleur étouffante.
    L’accueil était chaleureux, notre véhicule, baptisé Tintin, correspondait à l’esprit de notre équipage. Ce cadre paradisiaque s’est soudain transformé en cauchemar avec la visite du campus universitaire.
    Le campus, construit peu avant l’indépendance en 1960 était conçu pour accueillir 2000 étudiants. Dix bâtiments, dispersés sur la savane, disposaient chacun à l’origine de cuisine collective et de blocs sanitaires.

    Aujourd’hui, le nombre d’étudiants admis à la cité universitaire est de 20000. L’alimentation en eau des blocs sanitaires s’est tarie depuis des années. Un robinet, au pied de chaque bâtiment apporte l’eau nécessaire à la toilette, à la lessive, à la cuisine et à la boisson.
    L’eau est charriée dans les étages, puis rejetée, après usage, par les fenêtres au même titre que les ordures ménagères qui s’accumulent au pied des bâtiments.

    Devant cette situation dramatique, les risques d’épidémies sont évidents et permettent de comprendre combien les campagnes de vaccinations deviennent absurdes dans un tel contexte d’insalubrité.

    Faut-il attendre une épidémie de typhoïde ou de choléra sur le campus de Lubumbashi pour prétexter une vaccination systématique de toute la population du pays contre ces maladies comme ceci a été le cas pour la campagne de vaccination contre la poliomyélite ?

    En effet, pour justifier les campagnes systématiques de vaccination contre la polio, les autorités sanitaires se sont appuyées sur les quelques cas de polio survenus en 1995 à Mbuji Mayi dans la province du Kasaï, alors que l’ensemble du pays était quasiment épargné par la maladie.

    Ce que les autorités taisent, c’est que la fièvre du diamant est responsable de cette épidémie. Des milliers d’individus, agriculteurs, éleveurs, ont abandonné leurs champs et leurs villages pour venir s‘agglutiner autour des concessions minières. Des bidonvilles ont remplacé les villages traditionnels et aucune infrastructure sanitaire n’a suivi. Hommes et bêtes se sont abreuvés à l’eau de la rivière, quant aux latrines, elles sont inexistantes. Il est normal que dans ces conditions dégradées, des enfants aient contracté la polio.

    Depuis que les blocs sanitaires du Campus ne sont plus opérationnels. La savane environnante a été baptisée « bloc XI ». Dans le contexte de guerre civile de ces dernières années, un gouverneur de la province avait envisagé de couper les hautes herbes autour du campus pour mieux surveiller les abords de la ville face aux envahisseurs. La révolte étudiante qui en a suivi a fait avorter le projet. Le bloc XI reste le seul endroit où les étudiants ont un peu d’intimité.

    Dans ce contexte expliqué aux étudiants, la vaccination devient futile, voire absurde et montre que la première action indispensable concerne l’hygiène et l’accès à l’eau potable.

    Que faire ?

    « Et si ce que l’on nomme progrès n’était qu’une façon de changer de malheur » (Françoise Giroud)

    Combattre les programmes de vaccination nécessite de proposer des actions alternatives efficaces et réalisables économiquement. Le contexte socio-économique du continent africain est à des années lumière de notre modèle européen. Les experts envoyés sur le terrain sont souvent conditionnés et préparés à tenir un discours s’appuyant sur la peur et les solutions clé en main des laboratoires.

    Pour ceux qui connaissent l’Afrique, la réalité du terrain est totalement différente. Nombre d’africains, en zones rurales bénéficient encore aujourd’hui d’une solide constitution, d’une alimentation abondante quand la guerre ne vient pas perturber le travail du paysan et empêcher l’acheminement des produits. N’est-il pas surprenant de constater que l’acheminement des vaccins, produits très sensibles à la rupture de la chaîne du froid, se fasse en toutes circonstances dans les zones les plus reculées du continent, franchit les lignes de front, suscite des cessez-le feu alors que la nourriture, abondante souvent pourrit sur place ici et manque à quelques centaines de kilomètres de là ?

    Les campagnes de vaccinations faites à grand renfort d’aides financières provenant de la générosité de nos concitoyens servent avant tout à donner bonne conscience aux donateurs, mais démobilise, voire déstabilise, les populations des pays bénéficiaires de ces dons.

    Les africains seuls, par leurs capacités créatrices et leurs initiatives peuvent trouver les solutions à leurs difficultés. Rappelons-nous le proverbe qui propose d’apprendre à pêcher plutôt que de donner le poisson.

    Les nombreuses expériences menées sur le terrain par des équipes « anti-conformistes » s’avèrent souvent efficaces. Tant sur la lutte contre le Sida , que des programmes alimentaires.
    Ainsi, outre les expériences originales proposées et mises en œuvre avec succès , nous voudrions évoquer la culture du tilapia en étang. Ce poisson à la chair délicate a l’étrange faculté de se nourrir des excréments d’hippopotames.

    Par sa fonction d’éboueur, il participe à l’épuration de l’eau et contribue entre autre à l’élimination des parasites responsables de la bilharziose.

    Ainsi, une communauté villageoise qui élève des tilapias bénéficie de plusieurs avantages : elle dispose d’une source de protéine et assainit en même temps l’eau qui servira à irriguer ses plantations sans crainte des parasites.

    Ceci nous éloigne du sujet, penserez-vous !

    Bien au contraire. Une bonne immunité est la conjonction de divers facteurs : une alimentation saine et équilibrée, un accès à l’eau potable pour l’hygiène et l’alimentation, l’abandon de l’usage intempestif de médicaments, l’absence de stress, de pollution etc. La vaccination sur des sujets carencés, parasités et immunodéprimés par ailleurs aggrave la situation, désoriente les populations, qui constatent que le système de santé se dégrade chaque jour davantage, perd de son efficacité et ne répond plus aux attentes des médecins et usagers. Ces dysfonctionnements ouvrent la porte aux médecines de l’âme et encourage la prolifération de sectes et d’officines de charlatans.

    Tout devient important et tout est à repenser.

    L’Afrique a besoin d’idées simples, faciles à mettre en œuvre et non pas de campagnes coûteuses, inefficaces, voire dangereuses à long terme et venant toujours de l’extérieur comme le sont les campagnes de vaccinations ou les cultures avec des semences OGM. 

    A l’heure où nous publions ces lignes, les étudiants du Campus de Lubumbashi se sont mobilisés et ont commencé, avec de très faibles moyens, les travaux de réhabilitation des blocs sanitaires et le nettoyage du site. Qu’ils soient encouragés !

    Un article du site : Pour une médecine écologique
    https://medecine-ecologique.info/article.php3?id_article=235