En 1994, on a découvert que cette bactérie était la cause d’ulcères de l’estomac et des travaux en laboratoire ont montré comment elle peut provoquer une réaction immunitaire susceptible de conduire à une gastrite chronique, à des ulcères et au cancer de l’estomac. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) l’a classée comme cancérigène, et des millions de dollars ont été dépensés pour financer son traitement. Un traitement actuel préconise l’emploi d’antibiotiques puissants couplés à une chimiothérapie réduisant le niveau d’acidité de l’estomac. La course pour la découverte d’un vaccin va bon train et les chercheur s espèrent que H pylorii ne contaminera plus les hommes.
Simultanément, de plus en plus d’éléments tendent à montrer que la responsabilité de H pylorii dans la maladie n’est pas si clairement établie. Ainsi, cette bactérie est beaucoup plus répandue qu’on ne le pensait puisqu’elle se trouve dans l’estomac d’un homme sur deux - chiffre bien plus élevé que le taux d’ulcères la majorité des personnes porteuses de cette bactérie ne présente aucun symptôme de cette maladie. Ce paradoxe est encore plus marqué dans le Tiers Monde, où les ulcères sont moins fréquents et où la présence de H pylorii est plus élevée, atteignant parfois 90% de la population. Dans des régions non industrialisées, presque chaque habitant est contaminé durant son enfance.
On n’expliquera pas ce mystère par la variation de la virulence des différentes souches de la bactérie, les tentatives faites pour lier la maladie aux facteurs de virulence ayant échoué jusqu’à présent. Cette maladie n’est pas liée non plus au degré de contamination. En effet, les proportions de H pylori dans des individus sains sont étonnamment élevées, jusqu’à dix millions de microbes par gramme de suc gastrique. L’étude du traitement n’a pas non plus servi à éclaircir la situation.
Ainsi, l’utilisation de médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens est maintenant tenue pour responsable de la survenue d’ulcère en l’absence d’infection par H pylori De plus, même en étudiant seulement les patients non traités par de tels médicaments, deux enquêtes américaines n’ont détecté H pylori que dans 61% des cas d’ulcères gastriques considérés pour l’étude effectuée à Rochester (New-York) et dans 27% seulement pour l’étude effectuée à Orlando (Floride).
D’autres études ont montré la réapparition d’ulcères chez des personnes où un traitement avait éradiqué H. pylorii et la disparition d’ulcères chez des personnes toujours infectées par H. pylorii. Une équipe de chercheur japonais vient de conclure que H pylorii pourrait n’être qu’un spectateur innocent pour un tiers de tous les ulcères des patients non traités par des médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens.