C’est ainsi que l’on constate des amendements aux engagements du Grenelle comme les autorisations de prospections pour les gaz de schiste, les réductions de soutiens aux énergies renouvelables ou le manque d’ambition et même l’absence du simple respect des pourcentages de conversion en agriculture biologique.
D’ailleurs, c’est ce que souligne Claude Bascompte, président des Amis de la Terre, « Nicolas Sarkozy nous promettait une révolution avec le Grenelle de l’environnement. Deux ans et demi plus tard, force est de constater que les projets d’autoroutes ou d’aéroports restent d’actualité, que le fret ferroviaire réduit la desserte territoriale, que l’agriculture productiviste, polluante et énergivore reste la norme, que la précarité énergétique touche toujours plus de foyers et que les entreprises ne respectent pas les obligations de transparence sur leurs impacts socio-environnementaux et continuent à se déclarer irresponsables des activités de leurs filiales à l’étranger. Après les beaux discours, les mauvaises habitudes et les intérêts particuliers ont repris le dessus »
Bien sûr, on peut contester Nicolas Sarkozy qui avait affirmé : « Toutes ces questions d’environnement, ça commence à bien faire » mais, s’il porte une part de responsabilité importante, il n’aurait jamais pu soutenir ces propos s’il n’y avait eu de nombreuses brèches dans le discours des écologistes ou si l’opinion publique n’était restée dans une incohérence de comportement à l’égard de l’écologie.
Certes, nous avons tous notre part d’incohérences quand nous devons agir de façon responsable mais, même si nous roulons trop en voiture, si nous utilisons encore des produits qui posent des problèmes à l’environnement ou si nous ne trions pas assez nos déchets, c’est souvent parce qu’il est encore trop difficile de faire autrement ou que des alternatives sont encore trop médiocres ou trop complexes. Ce qui caractérise ces comportements chez ceux d’entre nous qui estiment être les plus responsables, c’est que ceux-ci ont conscience de ces défaillances et qu’ils s’efforcent d’y remédier. Hélas, pour une immense majorité de la population de nombreux gestes écologiques sont encore ignorés et même, pire encore, nombreux sont ceux qui n’ont aucune conscience des dommages causés par certaines de leurs pratiques. Sans compter quelques-uns qui font de la surenchère en revendiquant des pratiques résolument anti-écologiques !
Pourtant, j’entends régulièrement nombres de mes amis [1] me soutenir que la conscience s’élève et que le levain écologique est en train de fermenter. Ils s’appuient à la fois sur le fait que de nombreux scandales médicaux se font jour, ce qui dénote que l’omerta est en train de se fissurer, mais aussi, que ces scandales vont à leur tour faire bouger la conscience des Français. Si je parle spécifiquement des Français, c’est que notre situation est très particulière ; nous sommes l’un des derniers pays où les autorités soutiennent l’orthodoxie médicale en attaquant nos libertés individuelles en matière de soins et de gestion de notre santé [2].
Malheureusement, j’ai la conviction que, même si les problèmes se manifestent plus crument dans le domaine des soins, les Français, les médias et les politiques continuent de faire intimement confiance à la médecine conventionnelle. Par exemple, malgré les différents scandales qui devraient imposer une certaine réserve aux médecins, aux journalistes et aux industries de la santé, l’ensemble de ces corps semblent tout oublier et viennent glorifier leurs succès pourtant marginaux et exceptionnels. Or l’exception thérapeutique et le principe de performance qui y est attaché sont de nature à nous faire douter de la généralisation de ces résultats. J’ai déjà longuement, au fil de ce blog et dans mon livre, montré que les résultats étaient beaucoup plus médiocres que la propagande ne l’indique.
Pourtant au delà ces questions de performances, il y a celle de la sécurité des personnes qui subissent des soins médicaux. Officiellement [3], il y a, en France, 13 000 morts avérées [4] par an dues aux effets indésirables des médicaments. Il s’y ajoute 5000 à 8000 décès dues aux infections nosocomiales [5]. D’ailleurs, Dominique Martin, directeur de l’ONIAM [6], confesse qu’il n’existe pas beaucoup de données fiables car les études sont fondées sur les demandes d’indemnisations qui s’élèvent à une centaine pour 4000 cas. On constate ainsi une sous-évaluation essentielle relative au système même de médico-vigilance.
On note ainsi, en France, le décès de 20 000 personnes par an. Ce chiffre est considérable et il est sans doute très sous-évalué en raison même des conditions dans lesquelles sont faits les relevés. C’est peut-être 100 ou 200 000 morts qu’il faut envisager ! Il suffit de faire une règle de trois pour envisager une effroyable hécatombe au niveau de la population mondiale, notamment celle des pays développés qui ont accès à cette médecine.
Tout le monde est au courant des risques causés par le bisphénolA, les incidents nucléaires, les diverses pollutions ou les additifs alimentaires qui sont bien moins dangereux que les médicaments. Pourquoi, alors qu’on s’inquiète légitimement de ces pollutions, n’a-ton aucune conscience du risque médicamenteux ? Georges Bernanos nous fournit un début de réponse quand il dit : « la médecine est la nouvelle religion et le médicament est son eau bénite ». Cette thèse d’une médecine sacrée est aussi celle d’Olivier Clerc [7]qui montre également que comme toutes les religions, la médecine construit son pouvoir sur la peur.
Il a toujours existé des anticléricaux mais de là à faire une révolution contre la religion et surtout contre toutes les formes de religions, on s’aperçoit qu’il y a un pas immense qui n’a jamais été franchi. Tout au plus, on peut avoir l’impression d’une relative indifférence mais, en fait, il s’agit seulement d’un changement d’objet. Au lieu de se tourner vers le sacré, l’homme moderne s’est réfugié dans la science, seule capable de lui donner des réponses susceptibles de calmer ses angoisses. Alors, le malade et même celui qui ne l’est pas, prend n’importe quel médicament sans se poser de questions et sans discuter. Par contre, il est bien plus critique et inquiet face à des méthodes moins dangereuses mais plus mystérieuses comme celles des médecines non-conventionnelles. D’ailleurs, les autorités ne s’y trompent pas en qualifiant de dérives sectaires l’ensemble de ces pratiques, ce qui ne fait qu’en renforcer le manque de crédibilité.
Le problème est que toute personne qui accepte de prendre des médicaments a des difficultés à croire aux dangers explicites de l’industrie chimique. D’ailleurs, faisant récemment une remarque sur le danger des pesticides à un agriculteur, celui-ci m’a répliqué immédiatement : « C’est comme pour vous, quand vous êtes malade, vous prenez des médicaments ! ». Ce réflexe est tellement inscrit dans l’inconscient des malades, Français en particulier [8], qu’il devient impossible de le modifier. Les autorités, pour des questions d’économie, ont voulu le modifier mais ce fut sans succès.
Je pense que c’est dans cette attitude spécifiquement Française qu’il faut rechercher les causes de notre lenteur à évoluer vers une société plus écologique. De ce point de vue, nos voisins sont allés beaucoup plus vite et plus loin. Je pense également que tant que ce débat n’aura pas eu lieu au sein des organisations écologiques, qu’elles soient associatives ou politiques, nous continuerons de stagner dans le peloton de queue. Malheureusement, ces groupes sont solidement noyautées par des personnes qui n’ont qu’un sens très faiblement critique à l’égard de l’institution médicale. Je suis d’ailleurs convaincu que les différentes industries chimiques qu’elles produisent des médicaments ou des pesticides ont perçu ce phénomène et l’entretiennent consciencieusement. En ce sens, les médicaments constituent le « Cheval de Troie » de l’industrie chimique ; ils fondent, en quelque sorte, l’aspect honorable et salvateur d’une activité globalement très préjudiciable à la Vie. Il ne faut jamais oublier que l’ensemble de ces industries est intimement lié par des intérêts, des dirigeants, des experts et des capitaux communs.
Pour une médecine écologique
Pourquoi l’idée écologique avance-t-elle si lentement ?