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Le Médiator®, une affaire exemplaire !
![]() Le Médiator® nous révèle une situation qui semble étonner les médias, pourtant, d’autres affaires auraient déjà du mettre la puce à l’oreille de chacun. D’autres médicaments avant avaient également manifesté leurs effets délétères : le Vioxx®, le Distilbène®, le Roaccutane®, etc. Sans vouloir citer tous les médicaments qui ont été retirés du marché - ils sont trop nombreux - on peut constater que les médicaments tuent beaucoup de monde, 13 000 morts [1] en France chaque année. Et encore, on se doute que tous les morts ne sont pas reliés automatiquement à un accident médicamenteux. A propos du Viagra, la FDA (Organisme de surveillance et d’autorisation des médicaments aux États-Unis) considère que 1 à 10 % des accidents seulement sont rapportés. Ce sont des chiffres qui donnent le vertige. Ainsi, il est à craindre que ce sont plusieurs dizaines de milliers de morts qui surviennent dans la plus parfaite indifférence. Il n’est pas étonnant, dans ce contexte, que des estimations complémentaires fassent apparaître des chiffres beaucoup plus élevés : 34 200 décès annuels. Vraisemblablement, les 15 000 morts de la canicule de 2003 sont en partie le résultat d’un surdosage toxique. En effet, les vieux qui prennent beaucoup de médicaments sont souvent proches de la dose toxique ou sont en situation toxique chronique, et d’autant plus, que leur organisme est de moins en moins en état d’éliminer ces facteurs toxiques. Une diminution du volume d’eau dans le corps en raison de la canicule revient à augmenter le dosage et à passer brutalement au delà de la tolérance du malade. C’est de cette façon que ce genre d’accidents passe inaperçu. Indépendamment de toute malveillance, il est évident que les médecins ne font pas toujours le lien entre la prescription et le décès pour peu que la personne soit très malade ou âgée. Même s’il devait l’envisager, cela poserait tout de même de grosses difficultés. En effet, un médecin ne donne pas un médicament par hostilité mais parce qu’il le juge utile ou efficace ou parce qu’il n’en a pas d’autres à sa disposition ou encore parce qu’il suspecte les autres médicaments d’être aussi problématiques. Ainsi, ne pas faire ces déclarations conserve un peu de confort moral au médecin qui évite de comptabiliser tous ces problèmes et lui permet de travailler tranquille, encore pour quelques temps. Quelques auteurs [2], inlassablement continuent de révéler les problèmes mais il faut reconnaître que les grands médias ne prennent pas la mesure de la question car, même si épisodiquement, ils relatent les incidents, comme avec le Médiator®, ils ne remettent pas en question la médecine qui produit ou utilise ces médicaments. En fait, l’essentiel de la population considère toujours que s’il existe quelques décès regrettables, ils sont surtout imputables à des accidents même quand on leur met le nez sur la malveillance et le souci de gagner encore plus d’argent des responsables, ministres, laboratoires, experts, etc. Ce fut le cas pour le sang ou les hypophyses contaminés, les nombreux médicaments retirés du marché, les vaccins dangereux ou inutiles et, dans un autre domaine, les farines animales. L’ennui qu’il y a à révéler ces scandales est de croire qu’il pourrait exister une médecine occidentale vertueuse. Au risque de passer pour un dangereux extrémiste, je pense que cette médecine n’est pas capable de produire autre chose. Pour cela, je développerai deux argumentaires, l’un économique qui relève de la manifestation des faits et le deuxième de nature plus philosophique sur le principe d’une médecine qui ne veut pas prendre en compte la dimension écologique. Notre médecine ne trouve son action que dans la technologie. Que celle-ci serve l’investigation ou les traitements, elle passe par des solutions industrielles lourdes. Cela s’inscrit parfaitement dans les démarches économiques modernes. Nous devons constater, depuis 30 à 40 ans, que l’industrie à changé radicalement de vocation. Initialement, l’industrie s’est renforcée progressivement, passant d’une position quasi artisanale légère à un système d’entreprises chargées de produire de façon massive à l’aide d’une technologie toujours plus performante. Plus rien de cela ne pouvait se faire dans les petites unités que nous avons connues au début du 20ème siècle. Néanmoins, même grosses, les entreprises remplissaient encore leur office : fournir des objets, des produits, des services, de façon abondante et bon marché. Depuis l’avènement de ce qu’on a appelé le néolibéralisme, l’activité économique générée par la production industrielle a changé de vocation. il ne s’agissait plus de produire des objets mais de l’argent. L’économie n’a plus, actuellement, d’autre nécessité que de produire de l’argent et, qu’importe les conséquences de cette révolution. Dans le domaine pharmaceutique, cela a détruit le peu d’humanisme qui pouvait encore subsister. Cela s’est traduit par des productions de médicaments douteux dont un lobbying forcené a permis la mise sur le marché de plus en plus rapide. Dans ce domaine, la puissance financière avec la corruption ou le financement de campagnes électorales (aux États-Unis notamment) a favorisé l’arrivée de médicaments très nombreux, souvent fort peu novateurs et dont les tests ont été très insuffisants. Chaque nouveaux scandale sur les médicaments montre les mêmes défaillances : des molécules anciennes recyclées, des tests insuffisants, des experts dont les conflits d’intérêts rendent leurs avis très suspects, etc. On constate que depuis trente ans, la France n’a presque pas produit de nouveaux médicaments et ,pourtant, notre industrie pharmaceutique est la troisième au monde. Cette industrie est également la plus rentable, plus que les banques ou que le domaine de l’armement. Cela lui confère une puissance colossale. C’est ainsi que nous apprenons ce matin sur France-Inter que Xavier Bertrand, alors ministre de la santé en 2006, il avait maintenu le Médiator® au taux maximum de remboursement malgré l’avis défavorable de la Haute Autorité de Santé (HAS). On sait que ce médicament est en fait une amphétamine qui reste un produit par ailleurs interdit. Philippe Even, Professeur de pneumologie, interrogé ce 9 décembre, affirme que ce médicament était connu de longue date pour son inefficacité et surtout sa dangerosité. Il rapporte toute une série de faits qui peuvent passer, de son aveu même, comme incroyables. Malgré de très nombreuses alertes gravissimes depuis 1968 : des médicaments très proches interdits après avoir fait plusieurs centaines ou milliers [3] de morts, des procès en cascade aux États-Unis qui ont coûté 4 milliards de $ contre 400 000 € en France, les cardiopathies valvulaires qui seront responsables d’au moins 500 morts, les autorités françaises restent aveugles et sourdes. Pourtant Philippe Even ne croit pas à la corruption ; il penche plutôt pour une forme d’incompétence à la française faite de naïveté, de confiance dans les experts, le tout arbitré par des énarques qui savent tout mais, en fait, ne connaissent rien. Cela me rappelle une conversation que nous avons souvent avec Sylvie Simon pour comprendre ce qui l’emporte de la bêtise ou de la méchanceté. Certainement un peu des deux ! Il y a sans doute d’authentiques salauds qui s’appuient sur des imbéciles pour faire passer leurs décisions. Néanmoins, le public et les médias en cœur sont tentés de croire que si on excepte ces cas, que l’on espère marginaux, nous devrions être bien soignés par cette médecine jugée, malgré quelques dérives, performante. Même si la démonstration est insuffisante ; il faudrait un espace supérieur à un article pour pour être exhaustif, on peut admettre que la dérive néolibérale met le patient en grand danger, ce qui est rappelé par le nombre annuel de décès. Sur ce point, la France n’est pas une exception. Aux États-Unis on trouve un article consacré aux travaux de 4 chercheurs américains paru sous le titre : « Death by medecine », par Gary Null, Docteur es-sciences, Dr Carolyn Dean, médecin, Dr Martin Feldman, médecin, Dr Debora Rasio, médecin, Dorothy Smith, Docteur es-sciences. Cet article indique en particulier que le nombre total de décès imputables aux effets collatéraux de la médecine aux États-Unis a atteint, à partir de l’année 2001, le chiffre extraordinaire 783.936 par an. Ce chiffre place la médecine moderne aux États-Unis comme la première cause de mortalité mais il suscite quelques précisions. En effet, il tient compte des effets iatrogènes traités dans ce chapitre mais aussi des maladies nosocomiales, des accidents chirurgicaux, des impacts de mauvais matériels ou du mauvais usage de ceux-ci, etc. Même si, naïvement, on pouvait éliminer ces effets de dérives, comme d’autres ont pensé qu’on pouvait moraliser l’économie, la médecine occidentale moderne pourrait-elle se montrer performante ? Performante, elle l’est au sens sportif du terme ; c’est-à-dire que de temps en temps ou sur des cas particulier, elle réalise des prouesses. Pourtant lorsqu’il s’agit de soigner au quotidien, des maladies simples comme des rhumes, des grippes, des douleurs rhumatismales, des troubles musculosquelettiques, et a fortiori, des maladies plus graves, comme les cancers, les maladies neuro-dégénératives ou certaines infections graves, c’est le fiasco complet [4]. La deuxième partie de l’argumentaire est de nature plus philosophique. Elle repose sur l’idée qu’il n’est pas possible de soigner durablement un malade si on ne comprend pas le désordre responsable de son affection comme une perturbation systémique. Dans un système, il est impossible d’agir à un niveau de la chaîne sans la perturber plus ou moins sérieusement en amont ou en aval. Plus les actions seront fortes et plus ces perturbations seront graves et dommageables. On sait, en écologie, que pour résorber un déséquilibre, il faut agir subtilement et que le rétablissement à un état d’origine ne se fait que lentement. Notre société moderne nous a habitué à des réponses rapides et efficaces. Par exemple, en plein épisode hivernal avec neige et verglas, les automobilistes, le public et les médias ne comprennent pas le manque de vitesse de réaction. On voudrait être soulagé de suite sans admettre, par ailleurs, que l’évènement étant bien connu, il aurait fallu rentrer chez soi bien plus tôt. Il aurait même été raisonnable de renvoyer chez eux tous les fonctionnaires qui n’étaient pas indispensable à la gestion de cette crise. Anticiper et décider de ne pas se placer en situation périlleuse ! Malheureusement, la pensée initiale de notre médecine mais aussi de notre culture est de traiter les questions de façon technique et brutale sans comprendre en quoi nos comportements construisent les pathologies qui nous affectent. Un mal de tête et un cachet vient régler la question, alors qu’il faut peut-être simplement se reposer, se masser ou éliminer un aliment qui perturbe notre digestion. On a constaté que les médicaments pouvaient nous tuer et on espère que de tels objets puissent régler durablement des troubles qui ont mis quelquefois plusieurs mois ou années à se mettre en place. Il faut agir bien en amont, non par des dépistages précoces qui font plus de mal que de bien, mais par des anticipations qui nous permettent d’éviter les ennuis sérieux. Cette question des médicaments me semble centrale en matière de réflexion écologique, pourtant, on confond encore et toujours écologie et environnement. Quand on parle d’écologie en médecine, on considère toujours les polluants qui sont responsables de nos maladies. Certes, différents toxiques sont présents dans notre environnement, l’air et l’eau et donc nos aliments. Ce sont tous les produits de combustion, les rejets industriels, les éléments de contact comme les emballages et les contenants et surtout les pesticides et les engrais agricoles. La bataille sur les rejets et additifs industriels est difficile car, à moins d’une révolution industrielle, il est peu probable que les experts favorables à un environnement sain l’emporte sur les chimistes chargés d’élaborer de nouvelles molécules pour l’industrie chimique. Par contre, le combat pour une alimentation saine et une agriculture durable et respectueuse de l’environnement est très bien engagé. Même s’il n’est pas gagné, il a déjà remporté de nombreuses victoires et une grande partie de l’humanité aspire à cet objectif. Pourtant, tant le public croira à l’efficacité de la médecine et à sa relative innocuité, il ne sera pas possible de gagner la bataille sur l’agriculture. En effet, tant qu’on imaginera qu’il est anodin d’ingérer l’énorme quantité de médicaments toxiques, il sera difficile de faire croire à la dangerosité des pesticides. Il faut rappeler que pesticides et médicaments relèvent de la même démarche scientifique, utilisent les mêmes laboratoires, les mêmes technologies, les mêmes financements et sont produits par les mêmes entreprises. Ce sont des produits qui s’opposent à la vie, qu’ils soient antibiotiques ou insecticides, que les hormones soient utilisées pour corriger le cycle normal de la vie ou raccourcir les tiges des blés. Le premier mensonge, au sens d’originel, est celui de l’efficacité et de l’innocuité des médicaments et par là même de l’efficacité de notre médecine. Que l’on en perçoive toute la perversité et les écailles nous tomberons des yeux. Malheureusement, les partis politiques comme les Verts ou Europe écologie ne l’ont pas compris et continuent de promouvoir notre système de santé. De la même façon, les associations écologiques comme la Fondation Nicolas Hulot, le WWF, l’Alliance pour la Planète ou Générations Futures ne veulent pas intégrer cette dimension et restent verrouillés sur des questions environnementales en séparant ce que j’appelle les toxiques nobles (les médicaments) des toxiques ignobles (tous les autres). Ils oublient trop vite que les médicaments ont rejoint les autres toxiques dans le cortège des polluants aquatiques. Jusqu’à une période récente, on a pu l’ignorer mais ce sont maintenant des tonnes de médicaments qui sont charriées dans l’eau de nos rivières, ce que de nombreuses études récentes est venu confirmer. C’est pourquoi finalement, cette affaire du Médiator® n’a aucun intérêt si ce n’est pour avoir enfin une réflexion élargie sur notre façon de nous soigner qui ne peut que produire ces dérives et ces accidents. [1] Il en s’agit ici que des décès liés à des prescriptions médicales et non de l’automédication. selon Mme Anne-Marie Payet, « les chiffres les plus couramment avancés font état de 140 000 hospitalisations provoquées par des accidents médicamenteux et 13 000 décès avérés. ». Audition au Sénat de MM. Claude Huriet, président, et Dominique Martin, directeur de l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux, des affections iatrogènes et des infections nosocomiales (Oniam) [2] Sylvie Simon ou Claire Séverac [3] Selon ce professeur, c’est très difficile de savoir précisément mais on sent qu’il penche pour une hypothèse haute. [4] Mon livre, Pour une médecine écologique, paru aux éditions Alphée, en fait pleinement la démonstration. Répondre à cet article |
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