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Encore le Téléthon !

mardi 13 décembre 2011 , par Sylvie Simon


Comme chaque année, la grand-messe du Téléthon s’est encore invitée sur tous les écrans. Comme chaque année, nous sommes quelques-uns à dénoncer cette manifestation qui, sur fond de bons sentiments, détermine des choix cruciaux de recherche sans qu’aucun déterminant philosophique ou stratégique ne vienne indiquer le bien-fondé d’une telle prééminence.

Sylvie Simon nous propose ici son analyse.

Voir les autres articles :

http://www.medecine-ecologique.info/?Ne-donnez-pas-au-Telethon

http://www.medecine-ecologique.info/?Ni-Telethon-ni-Sidaction

Cette année, comme les autres depuis 22 ans, nous avons eu droit à la grande kermesse du Téléthon qui nous a démontré la grande générosité des Français, encore plus grande en cette année de restriction financière, grâce aux émouvantes évocations d’enfants atteints des maladies dites « orphelines » qui « vont disparaître grâce aux découvertes de la science ».

Tout d’abord, lorsque des sommes aussi importantes sont recueillies et induisent de telles conséquences, leur usage mériterait d’être décidé par un conseil scientifique et social qui ne soit pas inféodé à l’organisme qui les collecte, comme c’est le cas actuellement.

Ainsi, en avril 2005, le magazine Capital a publié un article qui nous a appris qu’une grande partie des fonds recueillis chaque année par l’AFM grâce au Téléthon servait à améliorer le quotidien de ses dirigeants. La Cour des comptes avaient relevé, entre autres, les salaires des dix principaux cadres qui atteignaient en moyenne à cette époque 7 676 euros par mois, sans compter les voitures de fonction, virées dans des quatre étoiles à Bora Bora, achats de vêtements personnels et de meubles, ainsi qu’une coquette villa avec jardin, femme de ménage et jardinier dans l’Essonne pour sa directrice de l’époque.

Qu’en penseraient les « généreux donateurs », dont certains ont de petits moyens mais se privent « pour aider des enfants malades », s’ils apprenaient qu’ils n’aident qu’une industrie prospère avec des pouvoirs financiers vertigineux ? Grâce à l’intervention de la Cour des comptes, cette gabegie a peut-être disparu, mais les salaires des dirigeants n’onû surement pas été réduits malgré la « crise » qui ne touche pas tout le monde, loin de là.

Mais le point le plus important est cette science génétique qui cherche à éblouir tout le monde et que personne ou presque ne remet en cause. Rappelons-nous une interview de Jacques Testart, Directeur de recherche à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), spécialiste en biologie de la reproduction, « père scientifique » du premier bébé éprouvette français, donc bien placé pour nous parler des « progrès » de la génétique.

Cette interview a été publiée en 2007 par Internationalnews, reproduite alors par de nombreux sites, et reste toujours d’actualité.

Le Pr Testart s’indignait alors contre « La grande escroquerie du Téléthon » :
« C’est scandaleux. Le Téléthon rapporte chaque année autant que le budget de fonctionnement de l’Inserm tout entier. Les gens croient qu’ils donnent de l’argent pour soigner. Or la thérapie génique n’est pas efficace. Si les gens savaient que leur argent va d’abord servir à financer des publications scientifiques, voire la prise de brevets par quelques entreprises, puis à éliminer des embryons présentant certains gènes déficients, ils changeraient d’avis. […]
« Faute de pouvoir guérir les vraies maladies, on va chercher à les découvrir en amont, avant qu’elles ne se manifestent. Cela permettra une mainmise absolue sur l’homme, sur une certaine définition de l’homme. »


Ce constat rejoint celui de Bertrand Jordan, Docteur en Physique nucléaire reconverti à la Biologie moléculaire, ancien directeur de recherches au CNRS, qui écrit : « La communauté médico-scientifique, dont les gènes sont le fonds de commerce, nourrit le grand public d’illusion ».

Pour Bertrand Jordan, les imposteurs sont tous ceux qui contribuent à de telles dérives, par légèreté, par inconscience, parfois aussi par intérêt, les scientifiques imprudents, naïfs ou même malhonnêtes, les médias qui cherchent avant tout le sensationnel, les hommes politiques qui évitent d’aborder des questions difficiles comme la contradiction entre droit aux soins et économie libérale et enfin les citoyens qui n’assument pas leurs responsabilités et se contentent d’idées simples, faciles à comprendre (cf. Les imposteurs de la génétique).

En outre, les adeptes de la thérapie génique sont souvent les mêmes que ceux des OGM, alors que plus des ¾ des Français les refusent. Mais ils ne font jamais le rapprochement entre ces deux méthodes et persistent à donner des sommes qui pourraient être consacrées à des maladies tout aussi terribles, et cent ou mille fois plus fréquentes. En effet, le potentiel caritatif n’étant pas illimité, ce que l’on donne aujourd’hui au Téléthon, on ne le donnera pas demain contre d’autres maladies, comme le paludisme qui tue 2 millions de personnes chaque année, alors qu’une grande partie des sommes recueillies pour le Téléthon alimentent d’innombrables laboratoires dont elles influencent les orientations.

De toute manière, étant donné que ces laboratoires cherchent en vain à guérir la maladie depuis plus de 50 ans, la thérapie génique ne doit pas être la stratégie idéale pour soigner la plupart des maladies génétiques. Si ces pistes étaient bonnes, l’AFM (Association française contre les myopathies), qui recueille et redistribue à sa guise les fonds collectés, aurait dû trouver depuis belle lurette.

Et enfin, cette recherche persiste à tester les médicaments en torturant longuement des animaux : chiens et chats volés à leurs maîtres, des labradors spécialement élevés pour servir de cobayes, des singes spécialement importés avec les dangers qu’ils représentent, alors qu’on sait que les expériences sur les animaux ne sont pas valables pour les humains. Pour en avoir la preuve, il suffit de constater la toxicité des nombreux médicaments retirés de la vente après avoir tués des milliers de personnes, alors qu’ils avaient été approuvés grâce à ces expériences aussi inutiles que sauvages.

Enfin, cette thérapie génétique n’est pas sans rappeler l’eugénisme qui vise à « améliorer » l’espèce humaine, ce qui risque de déboucher sur des perspectives terrifiantes. On est proche des expériences de certains nazis, tel le fameux Dr Mengele. Il existe déjà des querelles juridiques en ce qui concerne la prise de brevets sur le génome humain et, malgré la position ferme du Comité international de bioéthique, on se demande s’il ne se laissera jamais influencer par les intérêts financiers colossaux que représente le marché de la génétique.

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