Prescrire estime que « ce maigre Palmarès illustre bien la raréfaction, au cours des dernières années, du nombre de nouveaux médicaments représentant un progrès thérapeutique tangible pour les patients ».
La revue constate par ailleurs que « trop de nouveaux médicaments ont une balance bénéfices-risques clairement défavorable ».
Prescrire précise ainsi avoir « coté « pas d’accord » 9 % des nouveaux médicaments analysés en 2003, 10 % en 2004 et 22 % en 2005, contre seulement 1,5 % en 1990 et 1 % en 1995 ».
La revue estime que « le système d’innovation pharmaceutique est en panne : de trop nombreux nouveaux médicaments ne représentent pas un progrès thérapeutique pour les patients, mais une régression ».
Prescrire note en outre que « la publicité pour des médicaments auprès des professionnels de santé ne semble plus contrôlée, avec seulement 12 interdictions », et remarque que « la publicité pour des médicaments de prescription auprès du grand public, bien qu’interdite, est de plus en plus pratiquée, souvent déguisée en “information” sur la santé et les maladies ».
Prescrire poursuit, indiquant que « ce résultat alarmant met en cause les autorités sanitaires, en France et en Europe, qui ne sont pas assez exigeantes pour la santé publique. La démonstration d’un progrès thérapeutique devrait être au cœur des autorisations de mise sur le marché », conclut la revue.
Prescrire numéro 269
Bien sûr, la revue Prescrire est une référence en matière d’indépendance face aux laboratoires pharmaceutiques, mais comment croire une telle position quand elle réclame encore plus de médicaments ? Certainement, Prescrire critique les médicaments inefficaces et son rôle est utile, mais elle reste dans la sujétion au pouvoir pharmaceutique, car en réclamant des médicaments plus efficace, elle proclame son attachement au pouvoir des laboratoires.
La médecine occidentale rencontre des échecs et compte sur de nouveaux médicaments, toujours plus efficaces pour améliorer la situation. mais c’est en matière d’antibiotiques que la situation est la plus carricaturale et peut-être la plus dangereuse. Si les médecins prescrivent beaucoup d’antibiotiques, et même quand celà n’est pas nécessaire, ce n’est pas par bétise ou par vénalité. C’est simplement parce qu’ils n’ont pas appris à faire autrement !
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L’OMS a établie une liste qui sélevait en 2002 à 325 spécialités médicamenteuses. [2] . Or actuellement, le nombre de médicaments en France s’élève à plusieurs dizaines de milliers, pour de nombreuses spécialités identiques. On voit qu’au lieu de resserrer les ambitions sur les médicaments essentiels Prescrire et avec elle le monde médical réclame le nouveau médicament qui viendra comme un sauveur. Le concept de « médicament espoir » est régulièrement resservi par les media chaque fois qu’un laboratoire communique sur un nouveau produit.
Le problème qui est en cause est celui d’une pensée médicale commune qui croit que la sauvegarde du malade passe par des progrès pharmaceutiques. Or en séparant la pharmacie de la médecine, cette dernière se place en situation de sujétion et ne peut prétendre à son indépendance. La solution ne peut que venir de la recherche d’alternatives propres à régénérer les paradigmes de la médecine occidentale.