En effet, pourquoi faudrait il que ceux qui ont une méfiance, déjà fondée sur quelques études et même sur une intime conviction, soient obligés de fournir la preuve qui justifie leur point de vue ?
Dans l’article paru dans LaNutrition.fr, Gilles-Eric Séralini [1] reprend quelques arguments :
- les mirages des technologies géniques,
- la quatrième forme de pollution,
- chimique,
- physique,
- biologique,
- génétique,
- la demande d’un « polluthon » dont la nécessité est infiniment supérieure à celle du téléthon.
Sa démarche est, dans ce texte, plus philosophique et éthique que scientifique. Malgré tout, Séralini et bien d’autres maintenant ont administré des preuves convergentes quant à la toxicité des OGM. Le problème est que toute démonstration de ce type est systématiquement contestée par des experts mandatés par les firmes agro-industrielles. Et eux n’ont pas besoin de démontrer ; ils ont juste à critiquer la méthode ou tout paramètre de l’expérimentation ou pire encore laisser entendre l’incompétence du chercheur ou la partialité de l’étude.
Dans ce cas une simple rumeur ou une calomnie suffit pour discréditer l’étude. On en a vu les effets sur les travaux de Benvéniste. C’est pourquoi, il est temps maintenant que des chercheurs, mais aussi des personnalités de tout bord et de toutes compétences, s’expriment pour demander un principe de précaution qui doit d’abord être un principe de méfiance. On ne s’aventure pas dans un domaine ou dans un itinéraire si on n’a pas de retour en arrière possible.
Or, le principal problème avec les OGM, est que le monde qu’on nous propose est en fait un monde qu’on nous impose, et qu’après, plus rien ne sera jamais comme avant. Les changements que nous aurons créés seront définitifs, même s’ils seront mouvants et imprévisibles dans les formes de manifestation. Cet aspect concerne le monde du vivant qui sera bouleversé.
L’autre point fondamental, concerne la production et la consommation de ceux qui pour toutes les raisons, éthiques ou culturelles, et qui ne peuvent être balayées d’un revers de main, ne veulent pas des OGM. Ceux-là n’auront plus le choix ; ils devront accepter de cultiver ou de manger, soit des OGM, soit des produits risquant d’en contenir. C’est un principe totalitaire, qui du point de vue politique et citoyen, est tout simplement inacceptable. On sait en outre que les firmes semencières entretiennent une « police des gènes » qui leur permet de faire condamner tout cultivateur dont les champs contiendraient, même à ses dépends, des organismes génétiquement modifiés. De ce fait, ces entreprises exercent un racket tout à fait insupportable sur les agriculteurs, même s’ils sont de bonne foi, et pire encore s’ils sont victimes de contamination. La justice voudrait, en toute logique, que ce soit la victime, c’est-à-dire l’agriculteur et maintenant le consommateur, quand celui-ci lui est lié par un système d’« AMAP » par exemple.
Ces différents points justifient totalement le changement argumentaire évoqué au début du texte ; c’est désormais au politique et au citoyen de se positionner sur cette question pour exiger de remettre la justice dans le bon sens et ne condamner un agriculteur que si sa mauvaise foi et sa malhonnêteté sont démontrées et qu’en cas contraire, les semenciers soient lourdement condamnés pour tentative de racket, pollution génétique et chimique, et empoisonnement.
Les assureurs sont les seuls à avoir compris l’ampleur du problème, car actuellement encore, ils refusent d’assurer les risques liés aux OGM. Soucieux de leurs deniers, de la prérénité de leur entreprise, ceux-ci ne sont pas disposés à accorder un blanc-seing à cette industrie irreponsable comme s’apprêtent à le faire nombre de gouvernements dans le monde et en Europe tout particulièrement.